Monnaie vectorielle

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La monnaie a été inventée pour élargir la sphère de l'échange, pour dépasser les limites du troc. Depuis les temps les plus anciens elle a été associée à la fois matériellement et symboliquement à l'idée de communauté soudée par un ensemble d'échanges matériels ou symboliques. Avec l'usage de monnaies métalliques, l'aire d'échanges a pu s'étendre, donnant à la monnaie les trois fonctions qui nous sont familières : unité de compte, moyen de paiement et réserve de valeur. D'abord une unité de compte. C'est avec la monnaie que nous fixons les prix et que nous comptons, c'est elle qui sert donc d'unité de compte, c'est à travers d'elle que des choses à priori incommensurables comme une vache, une machine, de l'eau propre, un service rendu à la personne ou encore un brevet marquant la propriété intellectuelle, se trouvent mesurés avec la même unité, ce qui permet l'échange. Ensuite un moyen de paiement, autrefois avec des pièces « sonnantes et trébuchantes », puis grâce au développement des banques centrales avec des billets, aujourd'hui principalement par des chèques et des échanges électroniques. Enfin, réserve de valeur puisque c'est en euros ou en dollars que nous organisons l'épargne, par exemple dans le cadre des fonds de pension, pour assurer les retraites.

Mais l'idée d'unité de monnaie a une seule dimension est directement liée au système technique hérité de l'histoire. Encore que dans beaucoup de sociétés, par exemple en Amérique latine, on utilise simultanément, selon ses achats, la monnaie nationale ou le dollar américain. De ce fait, nous sommes déjà familiarisés avec l'idée d'une monnaie à plusieurs dimensions, avec plusieurs unités de comptes et moyens de paiement simultanés. Il faut aller aujourd'hui encore plus loin. Regardons les discours économiques, par exemple ceux de nos gouvernants et de nos économistes dans une période de crise financière, économique et sociale. Chacun dit : « il faut un plan de relance pour éviter la récession, pour relancer la croissance car sans croissance le chômage va s'aggraver et avec lui les inégalités et les troubles sociaux ». Nous faisons donc tout pour relancer la consommation. Mais, au même moment, nous disons : « alerte ! le changement climatique s'accélère, il faut réduire l'émission de gaz à effet de serre sinon nous allons à la catastrophe ». Fort bien mais, qu'en est-il au niveau du consommateur ? Quand il va au supermarché, il dispose pour décider de ses achats d'une seule unité de compte, la monnaie. En face, il y a des produits avec des prix. Ces produits incorporent d'un côté du travail local, du travail européen et du travail chinois, de l'autre, de l'énergie et des matières premières non renouvelables. Le consommateur à éventuellement le moyen de lire sur la boite la composition du produit s'il s'agit d'un produit alimentaire, mais pour le reste il ne sait rien. Il peut éventuellement voir marqué « made in France », ou « made in Europe », ou « made in China » mais, il ne sait pas si cela recouvre uniquement la fin du processus de la production, la couture des boutons sur la chemise, ou la mise en bouteille, ou si cela recouvre l'ensemble du processus de production. Bref, notre consommateur est en face d'un océan d'ignorance.

Ainsi, le fait d'utiliser une seule unité de compte pour mesurer à la fois ce qu'il faudrait s'abstenir de consommer - de l'énergie, des matières premières non renouvelables - et ce qu'il faudrait consommer plus encore pour développer l'emploi et la cohésion sociale se trouve mesuré avec une seule et même unité de compte. En d'autres termes, nos gouvernants, pour piloter l'économie, sont dans une voiture où c'est la même pédale qui gouverne le frein (protéger la planète, éviter le changement climatique) et l'accélérateur (développer la consommation et l'emploi pour préserver la cohésion sociale). Un véhicule qui a donc toutes les chances d'aller au fossé. La solution coule de source : il faut arrêter de mesurer des choses aussi dissemblables avec les mêmes unités de comptes, il faut admettre que la monnaie à plusieurs dimensions, que la monnaie est « vectorielle ».

C'était difficilement réalisable avant les progrès de l'informatique. C'est maintenant l'enfance de l'art. De même qu'un consommateur qui va au supermarché dispose également d'une carte de fidélité sur laquelle sont enregistrés les points de fidélité (qui sont en soi une monnaie puisqu'ils donneront droit soit à un rabais soit à un droit d'acquérir des biens ou des services), de même il peut disposer d'un porte-monnaie électronique enregistrant à la fois les échanges de travail local, le travail non local, l'énergie et les matières premières. Alors on pourra assurer une comptabilité des échanges de ces différentes dimensions de la monnaie exactement de la même manière que les systèmes d'échanges entre banques assurent les équilibres entre les flux et les différentes monnaies nationales.

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