Logiciel libre

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Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, la modification, la distribution et l'amélioration sont libres, avec accès au code source. En anglais, on utilise le terme free software ou également libre software.

Remarque: il ne faut pas confondre libre et gratuit: ce n'est pas parce qu'un logiciel est gratuit, qu'il est libre. Par exemple, Skype: il est gratuit à installer et utiliser, mais son code source n'est pas diffusé, il est sous copyright de l'entreprise éditrice, Microsoft.

Il faut également faire attention avec le terme open-source (source ouverte) parfois utilisé, car ce terme n'indique pas forcément que le logiciel est librement distribuable et modifiable. Il existe des licences open source non libres. En effet, un logiciel peut-être fourni avec son code source, mais sa licence peut interdire sa modification.

Pour une définition plus précise du Logiciel Libre, voir sur Wikipedia.

Histoire[modifier]

Le logiciel libre moderne est né dans les années 1980 grâce à Richard M. Stallman (fondateur de la Free Software Fondation) et son projet GNU.

Définition d'après Richard M. Stallman[modifier]

Heckert GNU.png

L'expression « logiciel libre » fait référence à la liberté pour tous (simples utilisateurs ou développeurs) d'exécuter, de copier, de distribuer, d'étudier, de modifier et d'améliorer le logiciel. Plus précisément, elle fait référence à quatre libertés pour un individu ayant acquis une version du logiciel, définies par la licence de ce logiciel :

  • La liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0);
  • La liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à ses besoins (liberté 1); pour cela, l'accès au code source est nécessaire;
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d'aider son voisin, (liberté 2);
  • La liberté d'améliorer le programme et de publier ses améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3); pour cela, l'accès au code source est nécessaire.

Modèles économiques[modifier]

Le modèle prôné par les logiciels libres est un modèle d'économie collaborative. Le savoir (le code du logiciel) est accessible à l'ensemble des utilisateurs et non pas gardé secret par des multi-nationales (cela n'empêche pas des multi-nationales de contribuer à des logiciels libres, comme nous allons le voir).

Différents acteurs peuvent contribuer, souvent ensemble, à un logiciel libre.

Des individus:

  • aider à la traduction, à la documentation, au graphisme, au support utilisateur, etc, n'est pas un travail d'informaticien mais est déjà une manière précieuse de contribuer à un logiciel.
  • de nombreux petits logiciels sont faisables par une personne non professionnelle, comme un ou une étudiant·e ou un codeur en dilettante, et être déjà utile pour ses utilisateurs et utilisatrices.
  • les contributeurs individuels sont toujours une part importante des contributions à la suite bureautique Libre Office, qui emploie par ailleurs des développeurs professionnels.
  • la distribution Debian GNU/Linux, la distribution Linux la plus utilisée au monde, notamment sur les serveurs d'internet, ne salarie et ne paie personne. Ses contributrices et contributeurs, souvent des informaticien·nes professionnel·les, le font dans leur temps libre ou en dégageant un temps dédié à cela avec leur employeur.
  • des bénévoles passionnés contribuent toujours au noyau Linux (le cœur du système). Ils représentaient 14,6% des contributions en 2012, 11,8% en 2015. Certains ont été employés, et leur proportion relative diminue devant l'augmentation du nombre de contributions d'entreprises.

Des universités, chercheurs, projets universitaires:

  • l'argent public doit financer des projets publics et libres !
  • par exemple, le lecteur multimédia VLC était un projet étudiant de l'école Centrale Paris. C'est maintenant le logiciel multimédia le plus utilisé au monde, et il est géré par une association. Ses contributeurs sont aujourd'hui principalement des développeurs professionnels qui ont créé une activité autour de ce logiciel. Par exemple, ils répondent aux besoins spécifiques d'entreprises, et ce faisant améliorent VLC (pour qu'il continue à être le meilleur logiciel multimédia, et qu'il continue à leur apporter des clients).

Des fondations à but non lucratif:

  • typiquement, la fondation Mozilla, qui développe le navigateur web Mozilla Firefox. C'est une fondation à but non lucratif, et pas une entreprise privée, qui aurait à rétribuer ses financeurs ou ses actionnaires. Cela est une première marque de confiance quant au respect de ses utilisateurs et de leur vie privée (contrairement, par exemple, au navigateur Chrome développé par Google, dont le modèle économique est basé sur le profilage de ses utilisateurs pour vendre de la publicité). La fondation a tout de même un budget de plusieurs centaines de millions de dollars (par des accords avec les moteurs de recherche).

Des entreprises:

  • certaines entreprises trouvent un intérêt économique et stratégique à payer des développeurs à contribuer à un logiciel libre. Par exemple, au lieu de payer une licence Microsoft pour des centaines de postes informatiques, et être dépendantes d'un éditeur logiciel, elles peuvent financer le développement de la suite bureautique Libre Office.

Des multi-nationales:

  • il existe une entreprise, Red Hat (depuis récemment affiliée à IBM), qui n'édite que du logiciel libre et qui a dépassé le milliard de chiffre d'affaire. Comment est-ce possible? Red Hat développe principalement une distribution GNU/Linux dédiée aux entreprises, et fait payer le support client et son expertise (par exemple, aider au déploiement du système sur des centaines de serveurs, etc). C'est la plus grosse contributrice à des briques logicielles importantes de l'écosystème GNU/Linux.
  • qu'ont en commun des multi-nationales comme Intel, IBM, Huawei, Red Hat, Facebook, Samsung ? (et j'en passe) Elles contribuent toute au noyau Linux. On compte environ 200 entreprises et 1400 développeurs différents travaillant sur chaque nouvelle version du noyau Linux, totalisant des milliers d'entreprises qui salarient des développeurs et qui contribuent ensemble sur le même projet. C'est au final une fondation, et le créateur d'origine de Linux, qui se charge d'incorporer toutes les demandes d'améliorations (ou d'en rejeter). Ces entreprises ne vendent pas "Linux". Mais elles utilisent le noyau Linux dans leur industrie: pour vendre des téléphones portables (Android), des télés connectées, pour le système embarqué des avions, des voitures, etc. Développer leur propre système en interne serait tellement coûteux, qu'elles travaillent sur le même système, un logiciel libre, que tout le monde a le droit d'étudier, de modifier, de redistribuer, et donc, de proposer des améliorations.

Avec ces exemples, nous avons vu que libre ne veut pas forcément dire gratuit (bien que généralement les logiciels libres soient gratuits). De nombreuses entreprises vendent des logiciels libres, ou plus souvent du support pour ces mêmes logiciels.

Ce nouveau modèle d'économie des communs est un pas nécessaire vers une économie alternative, mais il ne met pas complètement en cause le modèle économique traditionnel.

Le fait que le logiciel soit un produit immatériel a tout de même bien aidé les choses.

Logiciels libres et décroissance soutenable[modifier]

L'utilisation systématique de logiciels libres est une piste à envisager par les adeptes de la décroissance soutenable car elle permet de réduire fortement la fréquence de renouvellement d'une partie du matériel informatique. En effet, certains éditeurs de logiciels propriétaires, de systèmes d'exploitation et les fabricants d'ordinateurs ont un intérêt commun à provoquer une obsolescence rapide de leurs produits afin d'obtenir un renouvellement et donc des profits plus rapides.

De plus, on peut acheter des ordinateurs reconditionnés et sous garantie avec un système GNU/Linux, et qui fonctionnent très bien avec les dernières versions des logiciels. C'est clairement moins faisable avec Windows ou Mac OS.

Voici les étapes de ce cycle vicieux :

  1. Certains éditeurs de logiciels propriétaires[1] ont intérêt à modifier le format des fichiers générés lors de la sortie d'une nouvelle version : les utilisateurs seront amenés à acheter (ou à pirater) une mise à jour pour pouvoir exploiter des documents au nouveau format reçus par Internet.
  2. La mise à jour d'un logiciel peut entraîner la mise à jour, également payante, du système d'exploitation qui est au cœur de la machine car souvent seule la dernière version du système d'exploitation est supportée par l'éditeur de logiciel afin de réduire les coûts de maintenance et de développement.
  3. La mise à jour du système d'exploitation implique très souvent le changement de la machine complète car cette dernière n'est plus assez puissante pour supporter le nouveau système d'exploitation.
  4. Elle implique aussi souvent le changement de certains périphériques (imprimante, scanner, écran) car ceux-ci ne sont plus compatibles avec la nouvelle machine ou plus supportés par le nouveau système d'exploitation.
  5. Les fabricants d'ordinateurs utiliseront systématiquement la dernière version du système d'exploitation pour le nouveau matériel, obligeant ainsi les utilisateurs à se procurer les dernières versions de logiciels.

La boucle est ainsi bouclée : pour pouvoir continuer à utiliser les mêmes outils, il faut sans cesse payer (ou pirater) les mises à jour des logiciels propriétaires et renouveler très souvent son matériel, même si ce dernier est encore parfaitement fonctionnel...

Les logiciels libres permettent de casser ce cercle vicieux:

  1. si l'éditeur d'un logiciel libre important venait à modifier son format de fichiers, on verrait très probablement apparaître une version alternative à ce logiciel libre, développée par des utilisateurs mécontents, et qui prendrait en charge les anciens formats. C'est une situation que l'éditeur original cherchera à éviter.
    1. les logiciels libres se basent en général sur des formats de fichiers eux-mêmes libres: leur spécification est bien expliquée, elle est rendue publique et il est autorisé à en proposer des versions différentes (ce qu'une communauté sage évitera de faire). C'est ce qui rend "facile" à une communauté de prendre en charge une diversité de formats. Il est bien plus dur de deviner un format de fichier par rétro-ingénierie. Ainsi, les format .doc ou .docx de Microsoft Word ne sont ni libres ni ouverts, alors que le format .ods de Libre Office est libre et ouvert. Les développeurs de Libre Office doivent prendre en charge le format .doc par rétro-ingénierie (et déceler les changements intempestifs qui ne servent qu'à embêter la concurrence).
    2. Bien sûr, il arrive que des logiciels évoluent, cassent une rétro-compatibilité et que la communauté d'utilisateurs trouve cela nécessaire.
  2. la mise à jour d'un logiciel sur une distribution GNU/Linux n'entraîne pas de mise à jour du système, ce sont deux étapes différentes laissées au contrôle de l'utilisateur. De plus, la mise à jour d'une distribution GNU/Linux est gratuite.
  3. la mise à jour complète de son système GNU/Linux est une opération à faire, au minimum, tous les cinq ans, mais que l'on peut faire plus souvent, ou que l'on peut ne pas faire (avec l'inconvénient d'utiliser des logiciels datés et de ne plus recevoir de mises à jour de sécurité). Un système GNU/Linux est beaucoup plus résilient qu'un système Windows ou Mac, il fonctionne sur des PCs vieillissants mais surtout, l'éditeur de sa distribution GNU/Linux ne force pas à acheter du nouveau matériel plus puissant.
  4. la rétro-compatibilité est un autre avantage des logiciels libres et des distributions Linux.
  5. on peut trouver des vendeurs d'ordinateurs avec Linux pré-installé, mais les éditeurs de logiciels libres (souvent gratuits) n'ont pas d'incitations à faire utiliser la dernière version d'un système (autre que, des fois, pour des raisons techniques).


Le libre : partage et pérennité, deux valeurs pour une solution alternative[modifier]

La notion de partage des connaissances est fondamentale. Non seulement les développeurs ont accès au code source pour modifier, améliorer un logiciel, mais l'utilisateur lambda peut utiliser ce logiciel dans le cadre de sa spécialité pour partager son savoir. Les formats sont standards et l'utilisateur est sûr de pouvoir lire et modifier un fichier datant de 5 ans sans devoir acheter et installer une application supplémentaire lorsque la nouvelle version du logiciel actuel ne le permet plus.

Migration vers les logiciels libres[modifier]

Voir l'article Migration vers les logiciels libres

Vous pouvez d'hors et déjà installer et utiliser des logiciels libres sur votre système d'exploitation actuel: Mozilla Firefox pour internet, Libre Office pour la bureautique, et bien d'autres (cf une liste dans le lien ci-dessus ou consultez l'annuaire des logiciels libres, Framalibre [2]). Vous pouvez ensuite envisager une migration vers un système GNU/Linux.

Il faut souligner l'effort des développeurs pour mettre l'utilisation du Libre à la portée de l'utilisateur lambda : plus besoin de maîtriser la ligne de commande pour utiliser les diverses distributions Linux[3], le néophyte peut très bien travailler en graphique et trouver aisément les pilotes pour ses périphériques. Le débutant peut se lancer sans risque en installant son système libre en double boot ou en utilisant un CD live. Linux est un système libre, le noyau Linux fut conçu à l'origine par Linus Torvalds[4]. L'utilisateur peut librement choisir sa distribution en fonction de ses besoins et de son matériel, chaque distribution se décline elle-même en plusieurs environnements de bureau[5].

Logiciel libre et pays en voie de développement[modifier]

Les logiciels libres sont aussi très importants afin de faciliter l'accès à la connaissance des pays en voie de développement. En effet, utiliser les logiciels libres veut dire être autonome : ne pas dépendre de telle ou telle entreprise pour la fourniture de tel ou tel logiciel et ainsi garantir la pérennité des solutions choisies.

Logiciel libre et administrations[modifier]

Les administrations peuvent réaliser des économies substantielles (l'argent du contribuable), des versions dédiées aux professionnels[6] leur permettent de s'affranchir du coût des licences pour un système propriétaire et ses mises à jour. La mutualisation permet à plusieurs ministères de collaborer pour avoir une application sur mesure qu'ils n'auraient pu payer seuls (dans le monde propriétaire). L'éducation nationale a également l'occasion de s'affranchir un peu plus des éditeurs américains et de faire des économies tout en initiant les jeunes au libre[7].

Notes[modifier]

  1. D'autres font le choix de l'ouverture, également intéressante pour eux pour d'autres raisons
  2. Framalibre, l'annuaire des logiciels libres
  3. les diverses distributions Linux
  4. Linus Torvalds
  5. Environnements de bureau Linux
  6. http://www.journaldunet.com/solutions/0409/040930_comparo-linux.shtml logiciel libre dans les administrations
  7. le libre dans l'Éducation Nationale

Voir aussi[modifier]

Liens internes[modifier]

Liens externes[modifier]

  • Framasoft : site internet collaboratif dont le sujet est le logiciel libre et son état d’esprit.
  • l'April : l'April, association pour la promotion du logiciel libre.

Bibliographie[modifier]

  • La bataille du logiciel libre par Perline et Thierry Noisette, éd. La Découverte, 2004.
  • Cause commune de Philippe Aigrain, éditions Fayard, 2005. ISBN 2213623058 - Web


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