Lierre terrestre

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lierre terrestre [Glechoma herderacea] Synonymes : nepeta glechoma, herbe de la St-Jean, courroie de la St-Jean, drienne, gléchome faux lierre, couronne de terre, rondotte. Famille : Lamiacées

Nom allemand : Gundermann Nom anglais : Ground Ivy Nom néerlandais : Hondsdraf

«Tut!Tut!Tut!Tut!Tut!Tut! Minute! Minute! Froui! Froui!» Il m'a fallu quelques minutes avant de comprendre, à travers les brumes du sommeil, que ce cri n'était pas celui de la petite fille du voisin qui réclamait son bol de fruits dans la minute, mais le chant d'un merle d'Amérique qui s'était inopinément posé sur le bord de ma fenêtre et tentait d'impressionner quelque belle avec sa voix percutante, sans la moindre considération pour le fait qu'il était quatre heures du matin et que j'aurais bien volontiers dormi une petite heure de plus. Si je parle du merle, c'est que les anglophones l'associent au lierre terrestre (Glechoma herderacea). Ils l'appellent, entre autres noms populaires, robin-run-in-the-hedge (merle-courant-vers-la-haie) ou runaway-robin (merle fuyant). Pourquoi ? J'aimerais bien le savoir. Savent-ils eux-mêmes à quel moment tel ou tel paysan a désigné ainsi le lierre terrestre après avoir fait je ne sais quelle observation pertinente sur le rapport - intime, magique, spirituel ? - qui existe entre l'oiseau et la plante ? Ah ! Que ce savoir se perd vite ! En français, les noms populaires du lierre terrestre sont nettement moins évocateurs : glécome ou gléchome (qui veut dire « doux, odorant »), chataire, cataire ou népète faux lierre (parce qu'il ressemble à une plante de la même famille, le nepeta), herbe de Saint-Jean (il devait faire partie de ces plantes médicinales qu'on célébrait lors de la Saint-Jean, la fête du soleil) ou rondette (par allusion, on suppose, à la forme de ses feuilles).

Le houblon n'est pas tout Jusqu'au 13e siècle environ, avant que le houblon ne devienne l'ingrédient universel servant à aromatiser la bière, lui donner une certaine amertume, l'empêcher de tourner et la clarifier, d'autres plantes dont le lierre terrestre ont joué ce rôle. Je n'ai rien contre le houblon, mais je me surprends parfois à rêver que des brasseurs artisanaux renouent avec ces vieilles traditions, histoire d'apporter un peu de variété à la carte. En attendant, si vous fabriquez votre propre bière, aromatisez-la en ajoutant une ou deux poignées de la plante dans la cuve de fermentation primaire. Par ailleurs très rafraîchissante, la plante sera d'une grande utilité durant la période caniculaire. Comme cette dernière tend à s'étirer de plus en plus - genre « mur à mur » de mai à octobre - la rondette pourrait bien devenir une des plantes les plus courues de l'été. Préparez-en une infusion que vous boirez chaude ou froide, avec un peu de miel peut-être. Ne vous laissez pas intimider par l'aspect huileux de la boisson, cela tient à la richesse en huile essentielle de la plante. Les jeunes feuilles et les fleurs du lierre terrestre se mangent en salade. Ajoutez-les avec modération, leur arôme prononcé risquant de masquer les saveurs plus délicates des autres verdures.

Un peu d’histoire : Les médecins utilisent le lierre terrestre depuis l'Antiquité. Galien le disait âcre, chaud et mordant, capable de guérir toutes les affections des poumons. Dioscoride le recommandait en cure de 40 jours contre la sciatique et l'arthrose des hanches. Au début de notre ère, les Vikings et les Celtes s'en servaient pour clarifier et conserver la bière. André de Laguna, médecin espagnol du XVIe siècle dit à propos du lierre que sentir son odeur et boire son jus perturbe autant la raison que boire le vin, c'est peut-être pour cela que les sacrificateurs de Bacchus, le dieu romain du vin, se faisaient couronner avec des feuilles de lierre. Le lierre terrestre figurait à l'époque carolingienne dans un recueil de recettes médicinales intitulé "Contre toutes les fièvres". On l'employait aussi bien contre les affections des bronches et des poumons en général, que contre les maux de tête, les douleurs du ventre, les crachements de sang, les plaies ouvertes et les hémorragies internes. Vanté au XVIe siècle contre les plaies externes et internes et même, plus tard contre la folie (on imbibait des feuilles de papier buvard de la décoction qu'on appliquait sur le crâne rasé des malheureux déments !). Le lierre terrestre ne fut célébré que plus tardivement pour son action salutaire des muqueuses des voies respiratoires, bien qu'Olivier de Serres affirmait déjà en 1600 que son jus, pris par le nez, " guérit la puanteur et la défluxion d'iceluy " et " purge aussi les cerveaux ".

Médicinal, vous avez dit ? •Traditionnellement, on a largement employé le lierre terrestre pour soigner les affections pulmonaires (bronchites chroniques, asthme) y compris la tuberculose. Il a également servi à soigner l'atonie gastrique, les affections urinaires (calculs) et les leucorrhées. Par voie externe, on l'a utilisé pour soigner les abcès et les furoncles. • On prépare une infusion à raison de deux cuillerées à thé de la plante par tasse d'eau. Infuser 10 minutes et prendre 3 ou 4 tasses par jour, entre les repas. On prend la teinture à raison de 4 cuillerées à thé par jour. On peut également extraire le suc frais de la plante et en prendre 40 à 50 g par jour. • Les feuilles fraîches seront utilisées en cataplasmes sur les abcès et les furoncles. • Pour vos provisions d'hiver, récoltez la plante en fleurs le matin, dès que la rosée est évaporée, et faites-la sécher à l'obscurité sur une toile moustiquaire montée sur un cadre. Conservez-la dans un bocal de verre à l'abri de la lumière et de l'humidité. • Avec le millepertuis et la racine d'aunée, le lierre terrestre sert à confectionner une tisane contre la bronchite. Nous reviendrons sur ces deux autres plantes un peu plus tard dans la saison. Pour l'instant, attachez-vous à récolter du lierre en quantité suffisante et à le faire sécher.

On le trouve où? Naturalisé au Québec, on le trouve généralement près des lieux habités, mais également dans les sous-bois argileux qui sont inondés au printemps.

Son rôle dans l'équilibre écologique « Sans cesse visitée par les abeilles, écrit le Frère Marie-Victorin dans sa Flore Laurentienne, la plante est intéressante pour l'apiculture car elle peut être établie sans soin autour d'un rucher ombragé sans nuire aux autres plantes. » De par sa nature de plante rampante, le lierre fait, en outre, un excellent couvre-sol. Établissez-le de préférence au gazon dans les coins plus ombragés de votre terrain où il se développera avec le plus grand bonheur. Vous pouvez soit acheter des graines et les semer, soit prélever des plants chez le copain jardinier.

Caractères biologiques • Plante vivace, hémicryptophyte • Taille : 10 - 40 cm • Floraison : Avril - Septembre • Espèce héliophile ou de demi-ombre

Caractères indicateurs • pH neutre à légèrement acide • Sols riches en bases et en éléments nutritifs (notamment en azote) • Sols frais à humides • Espèce neutronitrophile hygrocline

Usages, Propriétés Plante mellifère. Le lierre terrestre a la particularité de fleurir dès le mois de mars. Les floraisons peuvent se succéder durant plusieurs mois, jusqu'au mois de septembre. Ces floraisons étalées dans le temps constituent un atout pour l'abeille domestique durant les périodes de disette (période présentant un déficit de ressources nectarifères). • Pante antiscorbutique, tonique et diurétique, le lierre terrestre est souvent prescrit en cas d'affections des muqueuses de l'oreille, du nez, de la gorge et du système digestif. On peut l'administrer aux enfants souffrant de bronchite prolongée, d'affections aiguës de la gorge et des bronches ou l'utiliser pour traiter d'autres maux chroniques, telle la sinusite. Cette plante est également un excellent remède contre la gastrite et l'acidité de l'estomac. Le lierre terrestre, par son effet agglutinant, combat les diarrhées et contribue à réduire les sécrétions liquides ou muqueuses. On l'utilise également comme fortifiant dans le traitement du scorbut et des troubles biliaires. • Il est recommandé en cas de bronchite ( 5 g en infusion dans une tasse de 100 cc de lait bouillant ; laisser infuser 10 à 15 minutes ; à boire au coucher ) car il favorise l'expulsion des crachats ; pour les catarrhes pulmonaires, l'asthme, la coqueluche ( 40 à 50 g de plante séchée pour un litre d'eau ; tremper à froid pendant quelques minutes, puis chauffer jusqu'à l'ébullition, ne pas faire bouillir et laisser infuser 10 à 15 minutes ; 3 à 4 tasses par jour entre les repas ). Cette infusion est préconisée également en raison de son action sur les muqueuses, contre la gastrite, l'entérite, les troubles hépatiques et urinaires, et en général, tous les dérangements intestinaux. • A l'extérieur, l'infusion s'emploie en inhalation contre les rhumes de cerveau et les affections des voies respiratoires ; en gargarismes et bains de bouche pour les maux de gorge et l'inflammation des muqueuses buccales ; en lotions et compresses pour nettoyer les plaies suppurées et les ulcères.

Biotope Aulnaies et frênaies, haies, bord des chemins et des bois. Le lierre terrestre appartient à la famille des Lamiacées qui comporte de nombreuses autres espèces mellifères, comme les thyms ou les lavandes. C'est une plante commune des lisières forestières, des haies et des jardins sauvages sur des sols généralement frais. Son nom est le seul lien qu'elle possède avec le lierre grimpant (Hedera helix) qui appartient à une famille distincte. • Taillis, sites rudéralisés • Voir la carte de répartition en Belgique (inventaire 1979)

Station • Lisière de hêtraie • Réserve naturelle de la La Picherotte, entité de Ferrières

Comestibilité : Le gléchome à feuilles de lierre est comestible cru en salades. Il faut consommer les sommets feuillés avant ou au début de la floraison, car à la fin ou après la floraison, la saveur de ces feuilles est trop forte. Ces feuilles jeunes ont une saveur agréable, assez fortement aromatique. On en parsèmera les salades. Les jeunes feuilles ont un parfum très particulier et forme un condiment intéressant notamment comme aromate pour des potages, des légumes et des préparations chaudes. On les a employées pour aromatiser la bière avant l'utilisation du houblon.

Propriétés médicinales : Cette plante est un excellent remède contre les angines et les autres maladies ORL. Elle est également anti grippale. Elle peut se prendre en décoction ou en teinture mère. En infusion, peut être utilisé contre l’asthme et la cellulite. - En bains de mains et de pieds contre les rhumatismes. - En cataplasmes de feuilles et de fleurs écrasées pour chasser les bourrelets et affiner la peau… Source : Parties aériennes (Barnes et collab. 2002) Voie d'administration : Orale ou topique. Forme posologique : Selon la voie d'administration Constituants : Sesquiterpènes, flavonoïdes, huile essentielle, marubine, un amer (gléchomine) et tanins.

PRINCIPES ACTIFS : - Tanin - Huile essentielle terpénique - Principes amers : la gléchomine et la marrubiine - Choline - Sels de potassium - Résine - Acides phénols : caféique, chlorogénique...

Usage ou fins recommandés : Énoncé qui précise ce qui suit : Oral : • Utilisé traditionnellement comme stimulant de la digestion (Felter et Lloyd 1983; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement comme remède pectoral (Felter et Lloyd 1983; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement pour soulager les maux de tête (Felter et Lloyd 1983; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement comme expectorant doux (Barnes et collab. 2002; Bradley 1992). • Utilisé traditionnellement comme agent anticatarrhal (Gruenwald et collab. 1998; Barnes et collab. 2002; Bradley 1992; Gruenwald et collab. 1998). • Utilisé traditionnellement comme astringent (Barnes et collab. 2002; Bradley 1992; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement comme diurétique (Gruenwald et collab.1998; Barnes et al. 2002; Wren 1988; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement comme stomachique, pour le soulagement des douleurs liées aux coliques, aux gaz et aux conditions cholériques de l'estomac et de la rate (Barnes et al. 2002; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement pour réduire la diarrhée (Gruenwald et collab. 1998; Barnes et collab.2002). • Utilisé traditionnellement par les Autochtones américains de la tribu des « Cherokee » pour soulager la toux due au rhume (Gruenwald et collab. 1998; Moerman 1998; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement comme gargarisme pour soulager les maux de gorge ou de la bouche (Gruenwald et collab.1998; Grieve 1971). Topique : • Utilisé traditionnellement comme vulnéraire (Gruenwald et collab. 1998; Barnes et collab. 2002;Wren 1988; Grieve 1971). • Utilisé traditionnellement pour traiter les hémorroïdes (Barnes et collab. 2002; Wren 1988).

Dose : Orale : • Feuilles en poudre : 2-4 g (Felter et Lloyd 1983) • Infusion : 30-60 ml 3 fois/jour (Felter et Lloyd 1983; Barnes et collab. 2002; Bradley 1992). • Teinture : 1-2 g équivalent poids sec, 3 fois/jour (1:5, dans de l'éthanol à 25 %) (Bradley 1992). • Herbe séchée : 2-4 g (Barnes et collab. 2002; Bradley 1992) • Extrait fluide : 2-4 g équivalent poids sec, 3 fois/jour (1:1, dans de l'éthanol à 25 %) (Barnes et collab.2002; Bradley 1992).

Topique : • Feuilles fraîches écrasées et posées en cataplasme sur la zone affectée (Gruenwald et collab. 1998).

Durée d'utilisation : Consulter un fournisseur de soins de santé avant d'en faire un usage prolongé.

Mention de risque : Énoncé qui précise ce qui suit : Précautions/avertissements : Aucune mention. Contre-indications : Ne pas utiliser si l'on souffre d'épilepsie (Barnes et collab. 2002). Ne pas utiliser si l'on souffre d'une maladie du foie ou des reins (Barnes et collab. 2002; Jellin et collab. 2003) Ne pas utiliser en cas de grossesse ou d'allaitement.

Ingrédients non médicinaux : Doivent être choisis dans la Liste des ingrédients non médicinaux acceptables et respecter les restrictions mentionnées dans cette liste.

Spécifications : Doit être conforme aux spécifications minimales définies dans le Compendium.

Références Barnes J, Anderson LA, Phillipson JD. Herbal Medicines. 2nd edition. London (UK): Pharmaceutical Press; 2002. Bradley PR, editor. British Herbal Compendium. Volume 1. Bournemouth (Dorset): British Herbal Medicine Association; 1992. Felter HW, Lloyd JU. King's American Dispensatory. Vol. 2. 18th edition. Sandy (OR): Eclectic Medical Publications; 1983. Grieve M. A Modern Herbal. Vol. 1. New York (NY): Dover Publications; 1971. Gruenwald J, Brendler T, Jaenicke C, editors. PDR for Herbal Medicines. 2nd edition. Montvale (NJ): Medical Economics Co.; 1998. Jellin JM, Batz F, Hitchens K, ed. Pharmacist's Letter/Prescriber's Letter Natural Medicines Comprehensive Database. Stockton (CA): Therapeutic Research Faculty;2003. McGuffin M, Kartesz JT, Leung AY, Tucker AO, editors. Herbs of Commerce. 2nd edition. United States of America: American Herbal Products Association; 2000. Moerman DE. Native American Ethnobotany. Portland (OR): Timber Press; 1998. USDA, ARS, National Genetic Resources Program. Germoplasm Resources Information Network - (GRIN). Glechoma hederacea [Internet] - [cited 2003 July 22]. Available from: http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/npgs/html/tax_search.pl Wren RC. Potter's new cyclopedoz of botanical drugs and preparations (revised. Williamson and Evans). Saffron Walden (England): The C.W. Daniel Company Limited; 1988.