Commerce équitable

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Le commerce équitable est une alternative au commerce conventionnel, qui marginalise et exclut les petits producteurs, principalement des Sud. L'EFTA [1], la Fédération Européenne de Commerce Équitable, le définit officiellement comme « un partenariat commercial qui vise un développement durable pour les producteurs exclus ou désavantagés. Il cherche à réaliser cela en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs, en éduquant les consommateurs pour provoquer une prise de conscience, et en menant des campagnes. »

Certains préfèrent le terme de "commerce plus équitable", considérant que ledit "Commerce équitable" ne l'est pas autant qu'il devrait (ou qu'il prétend) l'être.


Les principes

Certification équitable

L'agriculture est une source de revenus importante pour les pays en voie de développement. Seulement les prix sont définis par des cours mondiaux et lorsque ces prix sont trop bas, les agriculteurs ne peuvent plus vivre de leur travail. Le commerce équitable a été inventé pour aider les agriculteurs à gagner leur vie en vendant leurs produits à un prix fixé à l'avance et qui se veut équitable.

Les principaux critères du commerce équitable sont :

  • Une relation directe entre producteurs et consommateurs, en évitant le plus possible les intermédiaires et les spéculateurs.
  • Pratiquer un juste prix qui permet au producteur et à sa famille de vivre dignement: « Chaque personne doit pouvoir vivre dignement de son travail ».
  • Dans le cas où les producteurs sont des salariés, respecter les conditions de travail correspondant au minimum aux normes internationales du Bureau International du Travail ou du pays si celles-ci sont supérieures à celles-là, respecter le droit d'association, interdire le travail forcé.
  • Autoriser un financement partiel avant la récolte (dans le mouvement du commerce équitable, le taux minimal est de 60 %) si les producteurs le demandent.
  • Établir des relations et des contrats à long terme, basés sur le respect mutuel et le respect de valeurs éthiques.
  • En plus de ces critères minimaux, les organisations de commerce équitable ont établi dans certains cas des critères de « progrès », permettant le développement durable des groupes de producteurs ou de salariés.

Le consommateur d'un produit de commerce équitable accepte le paiement d'un prix minimum permettant aux producteurs de vivre dignement, mais aussi de respecter l'environnement. Le commerce équitable favorise le travail de petits producteurs agricoles ou artisanaux plutôt que la surproduction industrielle.

Contrairement à une idée reçue, un produit du commerce équitable n'est pas nécessairement plus cher qu'un produit du commerce conventionnel. C'est la répartition des coûts et des bénéfices qui est différente, comme le montre le schéma proposé par l'association Max Havelaar d'un paquet de café. La prime de commerce équitable est payée par l'importateur, et est gérée collectivement par les producteurs. Ceux-ci peuvent par exemple privilégier la construction d'écoles, les structures de santé, ou bien l'amélioration de la productivité et la conversion à l'agriculture biologique.

Des labels officiels, mais souvent privés, ont été créés un peu partout en Occident, comme pour les produits issus de l'agriculture biologique, qui permettent de garantir au consommateur l'origine équitable d'un produit. En Belgique, les deux principaux sont Max Havelaar et Fair Trade, de Oxfam. En France, les associations de défense des consommateurs réclament une normalisation par l'AFNOR, afin de garantir l'application pleine et efficace du commerce équitable, en fixant un cahier des charges précis aux labels. Mais le groupe de travail mis en place par l'AFNOR [2] a terminé ses travaux en 2004 sans arriver à un consensus sur la question.

Par extension, le commerce éthique est le commerce dont toute la chaîne de production est respectueuse dans son travail, autant au niveau environnemental qu'aux méthodes de production, et au respect des employés. La notion est donc aussi applicable aux productions des pays industrialisés, où le commerce devient responsable, lorsqu'il est fait par des artisans respectueux de leur environnement, et de la qualité de leurs produits.

Une analyse succincte montre que le consommateur, à mesure que son pouvoir d'achat augmente, cesse de faire jouer une concurrence exclusivement sur le prix. [3] Il s'ensuit que la concurrence se déplace sur d'autres terrains (celui de l'image du système de production) et devient plus coûteuse (un candidat à l'entrée sur le marché devra obtenir le label, etc.), ce qui conduit à faire bénéficier les premiers entrants d'une rente de situation. Ce défaut potentiel reste négligeable tant que le commerce équitable reste adossé à un marché normal, capable de fournir les références de prix et de pratiques. Un souci plus contraignant est la vérification — impliquant des coûts et un effort et un contrôle anticorruption permanent — qu'un commerce reste équitable au fil du temps.

Le commerce équitable est compatible avec le capitalisme qu'il ne remet pas fondamentalement en cause. Il accompagne la mondialisation puisque des produits fabriqués dans les pays du Sud sont commercialisés dans des pays du Nord. Les distributeurs de produits équitables n'hésitent plus à faire de la publicité par voie d'affichage, de tracts ou dans les catalogues des supermarchés. Le commerce équitable dépend directement de la consommation. Pour se développer, il faut que les gens achètent plus de produits équitables. En exemple un tract envoyé par un magasin équitable : "pour la Fête des Mères, achetez responsable, achetez équitable". Un adepte de la décroissance dirait plutôt "pour la Fête des Mères, soyez responsable, n'achetez rien".


Max Havelaar

Label Max Havelaar

Quand on parle de commerce équitable en France, le nom de Max Havelaar est tout de suite prononcé. Cette association a mis en place un label commerce équitable que l'on trouve sur un certain nombre de produits. L'association Max Havelaar a été créée en 1988 aux Pays-Bas, l'association française date de 1992.

Les produits qui peuvent bénéficier de ce label de commerce équitable sont le café, le thé, le chocolat, la banane, le jus de fruits, le riz, le sucre et le miel.

Depuis 2005, Max Havelaar certifie du coton équitable en tant que matière première.

Le label Max Havelaar est attribué à un produit, mais pas à une entreprise. Une même société peut donc commercialiser simultanément du café Max Havelaar et du café non équitable. Les produits labellisés Max Havelaar se trouvent dans des magasins spécialisés, des magasins biologiques, mais aussi en grande surface.

Pour bénéficier du label, les marques paient une contribution à Max Havelaar. Elle doit ensuite se fournir à un prix minimal garanti auprès de petits producteurs réunis en coopérative et qui sont certifiés par Max Havelaar. Les producteurs reçoivent également une prime au développement qui sert à financer des projets communautaires (financement d'une pharmacie, d'une école ou d'une pompe à eau par exemple).

Des contrôles sont effectués tout au long de la chaîne. Ils sont financés par les marques, les intermédiaires et les producteurs.

Comparatif

Café moulu
pur arabica 250 gr.
Système
standard
Système
Max Havelaar
Prix de vente
en grande surface
1,80 à 3,00 € 2,30 à 3,50 €
Coût d'importation (transport),
de torréfaction,
de distribution
1,41 à 2,61 € 1,50 à 2,65 €
Droit du label
Max Havelaar
NA 0,05 €
Coût d'exportation 0,14 € 0,14 €
Frais de gestion
de la coopérative
NA 0,08 €
Intermédiaires 0,06 € NA
Petit producteur 0,19 € 0,58 €

NA = non applicable

Remarques

  • Le droit du label Max Havelaar peut être considéré comme un coût d'intermédiaire.
  • Transport, transformation et distribution représentent au minimum 75% et au maximum 87% du prix total du produit à la vente. Même s'il est visible que la part reversée au petit producteur est triplée, au final le petit producteur touche plus parce que le consommateur paye plus cher.


Minga

L'Association Minga, créée en 1999, regroupe des citoyens, associations et entreprises qui participent à la construction et au développement d'actions économiques intégrant :

  • l'exigence d'équité économique et sociale tout au long des filières, dans un fonctionnement démocratique,
  • tous les secteurs d'activités, la professionnalisation, le refus de la précarité par la création d'emplois et de richesse partagée,
  • le souci de la qualité des produits et des services proposés en priorité dans le cadre de circuits courts et de proximité,
  • la préservation et le renouvellement des ressources naturelles,
  • la transparence totale et la liberté dans les relations économiques, le respect mutuel entre tous les partenaires des filières, faisant de la diversité une richesse collective.

Le 22 avril 2006, en collaboration avec la Confédération Paysanne et Breizh Ha Reizh, l’association MINGA a lancé la pétition « Pour un commerce équitable partout changeons la loi ! » afin de dénoncer un article de loi du 2 août 2005 limitant le commerce équitable aux échanges Nord-Sud.

Conception du commerce équitable pour Minga

L’association a une conception commune du commerce, et donc d’un commerce équitable, compris comme un ensemble de filières socio-économiques complexes, qui inclut tous les domaines d’activité (produits, services, culture, etc) et toutes les régions du monde.

L’objectif d’un commerce équitable, c’est avant tout une meilleure compréhension de ce monde dans lequel nous vivons, à travers ses pratiques d’échanges. C’est aussi, dans notre quotidien, l’équité pour tous les travailleurs qui interviennent dans une filière : du producteur à l’acheteur final, en passant par le transporteur, le transformateur, les prestataires et les commerçants. Qu’il s’agisse de filières courtes ou longues, de partenaires voisins ou lointains.

Dans une société de plus en plus inéquitable, cette recherche d’un maximum d’équité dans les échanges - commençons par nos échanges quotidiens de proximité, ne peut être qu’une démarche qui "tend vers". Et non pas un secteur à part, élitiste et excluant, où tout autre échange ou tout autre commerçant seraient inéquitables ! Cette pratique de niche commerciale "équitable" divise les travailleurs entre eux: ceux du nord et ceux du sud de la planète ...

Pour Minga le commerce équitable est avant tout un moyen d’examiner nos échanges marchands pour faire évoluer les modes de vie des pays dit « riches » a fortiori quand ces modes de vie ne sont pas accessibles à l’ensemble de la population mondiale et détruisent notre environnement. Pour Minga le commerce équitable est un engagement parmi d’autres pour promouvoir la souveraineté des peuples et la relocalisation des économies.

Quel réseau de distribution?

Le commerce équitable garantit un prix minimum pour les producteurs, mais cela n'empêche pas les intermédiaires (transporteurs, revendeurs) de prélever leur marge. Sachant que les consommateurs sont prêts à payer plus chers des produits équitables, cela peut être tentant pour les intermédiaires d'augmenter leur marge sur ces produits.

Les marques de commerce équitable essaient de limiter les intermédiaires. L'association Artisans du Monde vend des produits équitables dans ses propres magasins.

Une question divise les acteurs du commerce équitable : faut-il vendre en grande surface? Max Havelaar et des marques comme Alter Eco vendent leur produits en hypermarché parce que c'est là que la plupart des consommateurs font leurs courses. D'autres acteurs comme Minga ou Artisans du Monde boycottent les grandes surfaces à cause de leurs pratiques contraires à l'esprit du commerce équitable. Les grandes surfaces sont dénoncées pour la précarisation de leurs employés et la pression mise sur leurs fournisseurs. Pour elles, vendre des produits du commerce équitable est aussi une façon d'améliorer leur image de marque.

AMAP

Le commerce équitable dans sa définition peut aussi s'appliquer aux producteurs des pays développés. Des associations comme Minga militent ainsi "pour un commerce équitable partout". Même si les situations ne sont pas comparables du point de vue niveau de vie, certaines petites exploitations des pays du Nord ont aussi du mal à vivre de leur production face à la mondialisation et aux prix de vente imposés par la grande distribution.

AMAP est l'abréviation d'Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne.

Le principe est de nouer un partenariat entre consommateurs et l'exploitant d'une ferme. Le consommateur s'engage à acheter une part de récolte qui lui sera distribuée chaque semaine pour des légumes, selon d'autres périodicités selon les produits, pendant une période donnée (en général 6 mois ou 1 an) et à un prix global fixé à l'avance. Le "panier/part de récolte" contient des produits de saison cultivés par l'exploitant. La production est soumise aux variations saisonnières et climatiques, et le consomm'acteur en accepte par avance les hauts et les bas.

Ce système a été inventé dans les années 1960 au Japon. Dans les pays anglophones, il existe depuis les années 80 sous le nom "Community-supported agriculture". La première AMAP française a été fondée en 2001 par deux agriculteurs varrois, Daniel et Denise Vuillon.

Objectifs

Promouvoir une agriculture respectueuse de l'environnement, des territoires, des hommes et favoriser le développement des productions de qualité reflétant la diversité des terroirs et la variété des savoir-faire. Permettre ainsi de maintenir une agriculture nourricière locale susceptible de nourrir durablement les populations en quantité et en qualité et donc la pérennité est prise ainsi en charge par les populations locales elles-mêmes. Le paysan, dégagé des obligations de rentabilité, et assuré d'un revenu décent, peut se concentrer sur la qualité des produits et la biodiversité. Les AMAP remettent la nourriture à une place centrale dans la réflexion sur les conditions d'une vie durable sur les territoires.

Méthode

Le partenariat entre les citoyens et le monde rural, formalisé par la signature d'un contrat définissant les engagements réciproques.

Actions

Elle informe les citoyens sur les modes de production, de commercialisation et de consommation, grâce à des journées d'information, des débats et des rencontres entre producteurs, écologistes, élus, consommateurs… et des outils pédagogiques. Elle offre un appui technique et pédagogique à ses partenaires, organise des campagnes d'information.

En France, deux organisations rassemblent les AMAP: Alliance Provence en PACA et Alliance Midi-Pyrénées.

Les AMAP sont devenues, en raison du succès qu'elles rencontrent [4], un enjeu commercial, que se disputent syndicats paysans et grandes surfaces.

Vista-xmag.png Consulter aussi l’article :   AMAP.


Produits non alimentaires

Les objets artisanaux équitables montrent le savoir-faire d'artisans de différents coins du monde. On trouve un grand nombre d'objets : sacs, bijoux, vannerie, jouets, objets décoratifs, etc.

Les vêtements équitables existent depuis plusieurs années, mais ce n'est que récemment qu'on a vu des marques créer des vêtements plus "tendance" que les vêtements ethniques proposés auparavant.

On peut trouver des baskets équitables.

Le tourisme équitable a pour but de faire profiter la population locale du lieu de vacances des retombées économiques du tourisme. Les séjours visent aussi à permettre des échanges entre vacanciers et population locale.


Limites du commerce équitable

Le commerce équitable avec les producteurs du Tiers-Monde est de plus en plus controversé depuis 2006. La principale objection au commerce équitable est que lorsque l'on achète la récolte ou la production d'un petit producteur sud-américain ou africain, on utilise nécessairement du pétrole pour le transporter. Il est préférable de recourir aux producteurs locaux. Le commerce équitable nous éloigne de l'essentiel : re-localiser l'économie.

Critiques du commerce équitable

La filière du commerce équitable, au fur et à mesure qu'elle acquiert de la visibilité, est de plus en plus critiquée, car elle cache mal l'immense déséquilibre économique et écologique qu'elle engendre ou qu'elle maintient entre le nord et le sud. Voici les critiques qui sont généralement formulées à l'encontre du commerce équitable :

  • il ne garantit pas aux producteurs un niveau de rémunération et de protection sociale identique à celui des consommateurs ;
  • il favorise la concurrence déloyale (les produits "non équitables" sont moins chers) ;
  • il ne prend pas en compte les dégâts qu’il provoque directement ou indirectement sur l’environnement (d'ailleurs les produits du commerce équitable ne sont pas nécessairement bio) ;
  • il appauvrit la biodiversité par la course à la production (monoculture) ;
  • il suscite la disparition des cultures locales de la même façon que le libéralisme classique ;
  • il détourne l’attention des consommateurs de la responsabilité des États ;
  • il contribue à la prospérité des réseaux de la grande distribution (dont on sait qu'elle se préoccupe davantage de rémunérer ses actionnaires que ses fournisseurs) ;
  • il participe de la mondialisation des échanges auquel on reproche les immenses gaspillages d'énergie pour le transport ;
  • il s’apparente à du néocolonialisme ;
  • il présente, enfin, le risque d’un retour à une démarche de type caritatif dont on sait combien elle serait contreproductive ;
  • il ne remet pas en cause le consumérisme puisque, bien au contraire, il sert d'alibi au consommateur en lui donnant « bonne conscience ».


Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • Les acteurs québécois
    • Transfair Canada Organisme national canadien sans but lucratif de certification et de sensibilisation qui fait la promotion du commerce équitable.
    • Equiterre Association basée à Montréal, Équiterre fait la promotion du commerce équitable et de choix écologiques.

Références

  1. EFTA : European Fair Trade Association
  2. l'association française de normalisation
  3. Voir la pyramide de Maslow
  4. 50 AMAP créées en Midi Pyrénées en 4 ans.

Bibliographie

  • Acheter c'est voter, Laure Waridel, Ed. Ecosociété. ISBN 2923165063
  • Les coulisses du commerce équitable par Christian Jacquiau, Ed. mille et une nuits, 473 PAGES 2006. ISBN 2-84205-959-X + d'infos
  • Vers un commerce équitable, Association Minga, Ed. des presses du temps qu'il fait. + d'infos


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